mercredi 14 avril 2010

Article à la suite de la conférence du Pr Xavier Mirabel sur l'euthanasie

A l'occasion d'une conférence qu'il est venu animer à la demande de l'association des SPE, Xavier Mirabel, cancérologue au centre Oscar Lambret de Lille et président de l'Alliance pour les Droits de la Vie (ADV), explique pourquoi l'euthanasie, ou suicide assisté, révèle le malaise de la société face à la souffrance.
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Alors que certains s'efforcent humainement de replacer le patient au centre du soin, d'autres revendiquent, inconsciemment ou pas, leur incapacité à se positionner face à la souffrance.
"Ta vie ne vaut plus la peine d'être vécue", c'est le message véhiculé par ceux qui donnent la mort pour éliminer la souffrance. Le regard d'autrui porté alors sur le malade change: il devient "inutile", et "privé de sa dignité".
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Des idées fausses teintées de désespoir
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"L'euthanasie est la seule solution pour ne pas subir des souffrances intolérables", "des cas médiatisés ont montrés que, dans certaines situations, l'euthanasie est la seule solution..." sont autant d'idées reçues que l'ADV dénonce dans son tract "Euthanasie? Faut pas pousser." Il nous apprend que "la médecine dispose de soins anti-douleur de plus en plus adaptés" pour soulager toutes les souffrances. Dans le cas où les traitements ne seraient pas assez puissants, il est possible de recourir à la sédation (endormir le patient pour éteindre les souffrances). Cette publication révèle aussi "qu'après une enquête approfondie, on a toujours découvert que les personnes concernées n'avaient pas reçu les soins ou l'aide appropriées, soit parce qu'elles en étaient privées, soit parce qu'elles les avaient refusées".
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La demande de mort traduit un appel
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Je veux mourir pour ma mère.
C'est l'idée qui s'impose à la lecture de la lettre de Vincent Humbert au président Jacques Chirac. Handicapé après un accident de la route, il est devenu un "fardeau" pour son entourage. Il se sentait de trop et humilié par une lourde dépendance qui épuisait sa mère. Toute sa dignité avait alors disparu. Il n'avait plus d'espoir. "C'est le regard de l'autre qui enlève sa dignité au malade", explique le docteur Xavier Mirabel, qui se demande pourquoi Vincent Humbert et pas les autres? Pourquoi tous les handicapés n'ont pas demandé au président le droit de mourir? Pourquoi certains le vivent mieux que d'autres?
"Il faut chercher à comprendre pourquoi la personne veut mourir et lui apporter une solution d'espérance", note le cancérologue. Comment penser que la mort de Vincent était la seule issue? Si le personnel soignant avait trouvé une solution pour apaiser sa mère au lieu de faire pression pour le supprimer, il ne serait sans doute pas mort. De plus, "les personnes favorables à l'euthanasie quand elles sont bien-portantes changent souvent d'avis en devenant malade; beaucoup ont alors peur qu'on se souvienne de ce qu'elles avaient dit ou écrit...Ce sont d'ailleurs les entourages qui expriment la plupart des demandes d'euthanasie", nous dit le tract de l'ADV. La demande de mort traduit un appel au secours qui doit être entendu par les proches. Actuellement, la détresse du patient n'est pas toujours écoutée. L'euthanasie est leur solution pour faire taire cette souffrance qui ne demande qu'à être apaisée. Pourtant, "éliminer le souffrant pour faire taire la souffrance n'est pas une solution" explique le docteur Mirabel. Le combat est vain. La souffrance demeure dans l'entourage d'un patient condamné par les siens.
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Le suicide, une délivrance? "Tout suicide reste un drame personnel et un terrible échec pour tous" soutient Xavier Mirabel. C'est la raison pour laquelle la société tâche de diminuer son nombre. La notion de droit au suicide n'est-elle pas alors antagoniste à l'euthanasie?
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Les soins palliatifs: une solution
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D'autant plus qu'il existe des solutions pour pallier le désespoir de la famille et du malade. Malheureusement très peu développés, les soins palliatifs donnent une réponse aux besoins qu'expriment les souffrances morales ou physiques du patient et de sa famille. Les infirmières du service palliatif "prennent soin avec humanité de chaque personne jusqu'à la fin de sa vie, pour soulager ses souffrances physiques et morales et répondre aux besoins qu'elle exprime" rappelle l'ADV qui revendique leur multipication. Certains les comparent à des mouroirs. Ne pointons-nous pas du doigt ici une incapacité à se positionner face à la souffrance? Les motivations qui poussent à l'euthanasie sont les mêmes que pour l'avortement. La société préfère éliminer tous les fœtus atteints de la trisomie 21 que de développer des centres qui accueilleraient l'enfant et sa famille pour les soulager. Cette démission dévoile un manque d'espérance. Car choisir la mort, "c'est refuser l'erreur médicale" soutient Xavier Mirabel. Combien de femmes ont accouché d'enfant parfaitement normaux pourtant condamnés par la médecine?
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"Les pressions culturelle, économiques [...] poussent à l'euthanasie".
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Quelle est la liberté de celui qui se sent de trop? Qui désire une mort violente? Qui désire être abandonné par ses proches? Personne sans doute. Pourtant, c'est le sort réservé aux euthanasiés.
"Parents, apprenez à vos enfants le véritable sens de la souffrance et de la mort" disait le Pape Jean-Paul II. La culture de mort qui caractérise notre société n'est qu'une illusion d'échappatoire à la souffrance, un geste de désespoir. Mais elle demeure, plus que jamais. "Il faut creuser en profondeur pour réparer le mal", souligne le docteur Mirabel. Ne jamais transiger sur la vie, est le leimotiv de l'ADV. Oui, protéger la vie de sa conception à la mort naturelle est un combat difficile à mener. L'euthanasie prouve aussi une démission du gouvernement qui peine à gérer ses problèmes politiques et économiques. Déshumanisé, le patient devient un client rentable. C'est ce constat qui s'impose à nos sociétés en manque de personnel soignants, de lits pour accueillir tous les malades et de structures adéquates pour le bonheur de tous. Tous ces problèmes créent des drames qui poussent l'entourage du malade à des pulsions euthanasiques et les détournent alors de leur vocation: soigner le malade. Soigner, ce qui signifie pour les SPE: aimer, écouter, accompagner. Une vocation détournée par le pouvoir public: "à partir du moment où l'on ouvre la porte à l'euthanasie, elle s'impose comme une solution de facilité, moins coûteuse et plus rapide, et on constate que les soins palliatifs sont délaissés", reprend le tract de l'ADV. Développer les soins palliatifs permettrait aux malades de faire face à la mort naturelle, celle qui est sereine et libératrice.
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Marie-Gabrielle Leclaire

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Une petite remarque: l'euthanasie et le suicide assisté ne sont pas la même chose. Dans l'euthanasie, le médecin donne la mort à autrui, avec ou sans le consentement de l'intéressé. Dans le suicide assisté, le patient est aidé à se donne lui même la mort, pour éviter qu'elle ne soit violente, le plus souvent.

Soignants Porteurs d'Espérance a dit…

Je comprends la distinction qui est faite. Cependant, le but recherché est le même: supprimer le souffrant pour supprimer la souffrance...quelle est alors la différence entre le suicide assisté et l'euthanasie "avec consentement de l'intéressé"?