Désolée pour ma réactivité à peu près inexistante ces derniers temps: c'est fou ce qu'on trouve de choses à faire quand il s'agit de remettre autre chose à plus tard...Après cette introduction philosophique profonde (que je vous laisse méditer), je voulais rapporter deux réactions intéressantes suite au rejet du projet de loi sur l'euthanasie par les députés (326 voix contre 202), projet déposé par le socialiste Manuel Valls voulant instaurer une "assistance médicale pour mourir dans la dignité".
*(en passant je vous renvoie sur
ce post qui me parle pas mal, et je glisse cette petite réflexion qu'un jour je développerai si j'en ai le temps et le courage:
mourir dans la dignité, on l'entend très souvent cette expression, mais en quoi une mort est plus ou moins digne qu'une autre??)
*Jean Leonetti, auteur de la loi sur la fin de vie de 2005: "
L'euthanasie n'est pas un acte médical. Le droit à la mort n'est pas un acte médical."
*Dans le quotidien Le Figaro, Luc Ferry revient sur la proposition de loi défendue par Manuel Valls défendant le droit de mourir "dans la dignité". Il s'indigne d'une telle demande qui signifierait que la dignité humaine serait directement liée à l'autonomie.
Pour Luc Ferry, il est inacceptable d'établir une équivalence entre "dépendance" et "indignité" : "l'idée même qu'un être humain puisse perdre sa valeur parce qu'il serait faible, malade ou vieux et, par la même, dans une situation de perte d'autonomie, me paraît à vrai dire intolérable sur le plan éthique". Et de plaider "pour un droit absolu des êtres humains à l'hétéronomie, à la dépendance et à la faiblesse même les plus extrêmes, d'en appeler ici plus que jamais à la sympathie, pour ne pas dire à l'amour plutôt qu'à des discours visant à faire comprendre à autrui qu'il vaudrait mieux faire place nette et cesser d'importuner le monde".
Luc Ferry s'interroge : "qui peut prétendre [...] qu'à un signal de détresse absolue, il n'est aucune autre réponse que la mort ?".
Pour lui, une demande de mort n'est jamais libre mais est commandée par une détresse telle que la liberté s'en trouve exclue. Pour lui, mourir dans ce qu'on nomme la "dignité" est en fait synonyme de mourir dans l'exclusion.
Selon les partisans de l'euthanasie, la dignité humaine ne se réduirait qu'à une balance permettant de mesurer les plaisirs et les peines. Et Luc Ferry de rappeler ce que disait Pascal : il y a en l'homme quelque chose qui passe infiniment l'homme, une transcendance qui force le respect et qui mérite qu'on se batte pour elle, même dans la souffrance.
Luc Ferry conclut : "que l'on s'oppose à l'acharnement thérapeutique me semble au plus haut point justifié. Reste qu'entre un prétendu geste humanitaire consistant à tuer, fût-ce par charité, et un autre visant à entourer d'amour, on me permettra de choisir toujours le second".